mardi 25 février 2014

En quoi une question saugrenue l’est-elle, saugrenue ?

Hypothèse 1 : Est-ce inné, en elle, prégnant ? Elle l’est, c’est tout. Née comme ça, elle assume son statut d’étrange question à laquelle personne ne souhaite jamais avoir à répondre à défaut d’être à son tour contaminé. Cette question est étrange, ridicule, absurde et puis c’est tout. Comme le pourquoi d’un enfant auquel les adultes n’aiment pas répondre, simplement parce qu’ils n’en ont pas la réponse…

- Pourquoi faut aller dehors ?
- Pour sortir.
- Pourquoi faut sortir ?
- Pour prendre l’air.
- Mais pourquoi faut prendre l’air ?
- Pour être moins fatigué.
- Pourquoi faut être moins fatigué…

J’abrège là parce que ça pourrait durer des heures comme chacun sait.
Mais ça ne tient pas vraiment. En fait, une question saugrenue n’est pas saugrenue parce que question. Bah non, parce que si une question peut être saugrenue, toutes les questions ne sont pas saugrenues.

- Mais pourquoi ???
- PARCE QUE !

Okay, j’enchaîne…

Hypothèse 2 : Si une question n’est pas en soi saugrenue, c’est qu’un élément extérieur fait qu’elle n’est pas que question, que le ridicule de la situation ou la personne interrogée fait qu’elle mute et se pare de saugrenuité, là comme ça sous les yeux de celui qui écoute (si c’est pas saugrenue aussi, ça…).
L’enfant, lui, quand il houspille l’adulte avec ses questions, n’a pas conscience qu’elles sont saugrenues, il les pose parce qu’il se les pose et a soif de réponse. C’est l’adulte, en face de lui, avec toute sa mauvaise foi, qui qualifie la question de saugrenue. Afin de pouvoir la renvoyer d’où elle vient, afin de ne pas avoir à s’abaisser à y répondre du haut de son incompétence crasse ; lui censé tout savoir et élever ce petiot toujours plus haut... et qui d’une simple question se retrouve plus bas que terre à se traîner pour essayer de remonter sur le piédestal qu’il a lui-même construit et offert à son enfant pour que ce dernier l’y place…
Mais je vous égare (sciemment très certainement parce qu’il n’y a visiblement pas que les enfants qui posent des questions saugrenues…)
Toujours est-il que cette deuxième hypothèse me convainc déjà mieux.
Je ne souhaite cependant pas m’arrêter là. Je sens qu'il y a autre chose. J’ose avancer une troisième hypothèse qui me semble pouvoir convenir et permettre de répondre, de façon bien meilleure que la précédente à la question la plus saugrenue qu’il m’est été donné de décortiquer, et qui je le rappelle est : en quoi une question saugrenue l’est-elle, saugrenue ?

Hypothèse 3 : Et si c’était les deux ? Une question saugrenue porterait en elle le germe de l’étrangeté que le questionné mettrait de facto en évidence en tentant d’y répondre… C’est bon ça comme explication… La question saugrenue est saugrenue mais ne peut le devenir que si quelque chose agit sur elle pour faire éclore la saugrenuité. La saugrenuité s’arrose pour qu’elle puisse pousser ; il faut lui offrir un casque pour qu’elle puisse s’écraser sur le mur de l’évidence ; elle nécessite une pancarte pour enfin avoir une étiquette. En voilà donc une bonne explication…

- Dis, Martin, un poisson a-t-il conscience d’être mouillé ?
- Mais qu’est-ce que c’est que cette question, Lucien ! Bien sûr que non, il l’est, c’est tout ! Est-ce que t’as conscience d’être aéré, toi !
- …
- Bah voilà, c’est bien ce que je disais…


Sur le thème de la semaine des Impromptus : questions saugrenues.

1 commentaire:

  1. même les questions saugrenues sont intéressantes. Parfois on ne sait quoi répondre alors on sèche.
    Mais quoi dire euh....cela on ne sait pas
    bisous
    clh

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