dimanche 10 avril 2011

Point oméga


Ce n'est pas la première fois que je tente de lire Don DeLillo. Mais c'est la première fois que je vais au bout d'un de ce livres. En outre, celui-ci m'a plu : il est bien écrit, bien traduit, porte sur le temps et le thème pourtant primaire est bien traité. Mieux en tout cas que dans le livre de Philip Roth, dont le nom m'échappe (Exit le fantôme ?).

Le tout se déroule dans le désert californien où le temps passe moins vite et moins mal. Loin des autres et des conflits que c'est de vivre avec ces autres. Loin d'un monde pressé, hâtif, stressé...

"Cela le fascinait, les profondeurs qui devenaient possibles dans le ralenti du mouvement, les choses à voir, les profondeurs de choses si faciles à manquer dans l'habitude superficielle de voir."

Deux hommes discutent jusqu'à l'infini les yeux posés sur l'horizon désertique cherchant peut être ainsi le point oméga.

"La conscience s'accumule. Elle commence à réfléchir sur elle-même. Il y a là pour moi quelque chose de quasiment mathématique. Il doit exister une loi mathématique ou physique que nous n'avons pas encore découverte, suivant laquelle l'esprit transcende  toute direction intérieure. Le point oméga, dit-il. Quel que soit le sens intentionnel  du terme, si toutefois il a un sens, si ce n'est pas le cas d'une langue aux prises avec une idée située en dehors de notre expérience.
- Quelle idée ?
- Quelle idée. L'idée d'un paroxysme. Une sublime mutation de l'âme et de l'esprit, ou une convulsion du monde. "

Mais même loin des hommes la vie vous rattrape.

"Le désert était clairvoyant, voilà ce qu'il avait toujours cru, le désert se déploie et révèle, le paysage connaît l'avenir comme le passé. Mais maintenant le paysage lui procurait une sensation d'enfermement, et je le comprenais, la sensation d'être cerné, étroitement confiné. Nous étions dehors et nous sentions le désert nous écraser."

Il y a une histoire en fond de tout cela mais elle m'a parue accessoire, ni trop, ni trop peu.
Un vrai plaisir de lecture comme je n'en avais pas pris depuis longtemps.

Don DeLillo, Point Oméga. Actes Sud, septembre 2010.

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